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Cinéma indépendant et stars en herbe ou confirmées
sont depuis toujours les symboles du festival du cinéma américain
de Deauville.
Avec cette édition 2007, la dose de glamour et de « beaux
gosses – itude » aura atteint son sommet avec la venue d’une
partie de la clique Pitt-Clooney qui fait tourner (outre de nombreuses
têtes) une bonne partie du cinéma hollywoodien ; qu’il
soit porté par les majors ou par des sociétés de
production indépendantes. Ainsi, outre Brad Pitt et George Clooney,
le tapis rouge aura porté, entre autres, Michaël Douglas,
Matt Damon, Casey et Ben Affleck, Monica Bellucci, Michelle Monaghan,
ou les frères Farrelly…
Outre les people donc, Deauville c’est aussi et surtout un beau
programme de films en compétition, avant-premières, et documentaires.
Cette 33ème édition aura en plus été l’occasion
pour les organisateurs de tester une grande nouveauté : Les nuits
américaines ont été l’occasion pour les festivaliers
de découvrir ou de revoir une partie des films ayant fait l’histoire
du cinéma américain ; projections organisées en non-stop,
24h/24.
Les films en compétition ont fait se déplacer une foule
de festivalier, et ce même lorsque le soleil daignait faire profiter
la côte normande de ses rayons réchauffant. Mais c’est
le jury de professionnel qui a eu à choisir parmi une belle sélection
de 11 films, ceux qui lui paraissaient plus méritant à être
primés. André Téchiné s’est ainsi
entouré de Xavier Beauvois (réalisateur de Le petit
lieutenant), Emilie Deleuze (écrivain), Nicolas Cazalé,
Anouk Grinberg, Marie-France Pisier, Odile Barski (scénariste),
l’artiste Charlélie Couture et Gaël Morel
de Mélanie Thierry, Clotilde Hesme, et Florian
Zeller (écrivain).
Cette année, 5 des œuvres présentées dans
cette section sont des premiers films :
Broken English est
la première réalisation de Zoé Cassavettes. Son long-métrage
a été fait dans une ambiance familiale, la fille Cassavettes
s’étant entourée d’amis (Melvil Poupaud et Parker
Posey, en plus du jeu de sa mère Geena Rowlands) pour mettre en
images son histoire : deux jeunes trentenaires cherchent l’amour
et le bonheur, la jeune femme étant perdue du fait de ses déboires
sentimentaux alors que le jeune homme lui tente de profiter de la vie
au jour le jour. Mais que pourrait donner leur rencontre… ?
Grace is gone est
un film tout en douceur et sensibilité. James C. Strouse s’est
joint à John Cusack pour conter l’histoire d’un père
de famille anéanti par la perte de son épouse décédée
au combat en Irak, et ne sachant comment l’annoncer à ses
filles. Un plaidoyer contre les guerres qui s’appuie sur les drames
des familles perdant l’un des leurs.
Rocket science, deuxième film de Jeffrey Blitz sur le bégaiement,
a déjà marqué le dernier festival de Sundance. A
Deauville, il aura marqué par son côté humain : l’adolescence
du jeune homme est difficile certes (scolarisation, amis, famille…)
mais il y trouve un sens particulier qui le fait tenir et s’améliorer…
Teeth est le film
choc du festival. Mitchell Litchenstein y traite avec astuce d’un
sujet original (une ado prônant l’abstinence sexuelle jusqu’au
mariage découvre que son vagin a des dents) sous une forme plus
qu’originale (comédie gore non, mais un brin sanglante à
des moments propices). Tout cela est alors l’occasion d’aborder
le thème de l’adolescence, de l’éducation sexuelle,
ou du rapport entre les sexes.
Waitress est une
comédie sucrée à souhait dans laquelle Keri Russell
crève le grand écran. Elle joue une jeune femme qui tombe
sous le charme de son gynécologue, touchant du doigt un bonheur
qu’elle avait jusqu’ici perdu dans son mariage.
Factory girl nous
permet de voir en Sienna Miller une incarnation parfaite d’Edie
Segwick, égérie éphémère de Andy Warhol.
Images documentaires côtoient la fiction pour nous faire plonger
avec l’héroïne qui se perd dans un succès dont
elle cherche les limites.
For your consideration nous fait suivre une troupe d’acteurs bouleversés
par les rumeurs d’oscars planant sur leur dernier film. Tout ce
qui fait Hollywood et le star system est passé au crible dans cette
comédie pleine d’ironie.
Ira and Abby est
la comédie romantique festival. Deux trentenaires au parcours de
vie rempli et à la personnalité originale cherchent l’amour.
Leur rencontre et leur union sera l’occasion de rire à gorge
déployée, mais surtout d’aborder de façon contemporaine
les questions qu’une génération entière se
pose : sens de vie, place du travail et de la famille…
Live! prend ses racines dans la téléréalité
: la soif de succès et d’argent des chaînes TV les
amènent à jouer avec la mort. Un drame qui mériterait
d’être vu et analysé, avec Eva Mendes en tête
d’affiche.
Never forever met
en lumière le quotidien et les sentiments d’une femme qui
décide d’entamer une liaison pour être enceinte et
redonner goût à la vie à son époux ; mais c’est
sans compter les sentiments… La sobriété, le rythme,
et le style d’agencement des images rappellent brillamment ce qui
fait le cinéma asiatique.
The dead girl, est
LE film de cette édition 2007. Primé par le Jury, le film
de Karen Moncrieff joue avec l’identité du thriller avec
une personnalisation du scénario : intrigue, montage, rythme, couleurs,
musiques… tout y est subtilement étudié... jusqu’au
casting qui voit une métamorphosée Toni Collette partager
l’affiche avec Brittany Murphy. La « Moncrieff touch »
réside dans l’humanisation de tous les personnages ayant
eu un rapport avec la défunte.
Quelques 21 films ont été présentés aux en
avant-premières…:
L’ouverture s’est faite avec la dernière
comédie de Michaël Douglas (King of California), et
les grosses productions se sont succédées sur ces dix jours
durant lesquels il aura été difficile de faire un choix.
D’autres comédies (Death at a funeral, En cloque, mode d’emploi)
ont plu aux festivaliers, mais ce sont surtout les frères Farrelly
(pères de l’hilare Mary à tout prix) qui ont fait
sensation avec The heartbreak kid qui les fait retrouver Ben Stiller.
De quoi rire pour les fanas du genres...
Des symboles du cinéma américain engagé étaient
aussi présents : Paul Haggis est venu présenter In
the valley of Elah, pamphlet anti-Bush. Une autre vision des conséquences
de l’engagement des troupes américaines en Irak. Toute l’équipe
de Michaël Clayton avait fait le déplacement pour présenter
et défendre une certaine idée de l’Amérique.
Science fiction (Chambre 1408, Stardust), thrillers (Mandy Lane, Before
the devil knows you’re dead, Shoot’em up, La vengeance dans
la peau, Fay Grim, Gone, baby, gone), animation (Bienvenue chez les Robinsons,
Les rois de la glisse) et même western (The assassination of Jesse
James by the coward Robert Ford) auront aussi agréablement agrémenté
un programme bien fourni qui aura aussi été l’occasion
de croiser les membres des équipes désireuses de partager
leur épopée créatrice.
Comme chaque année, une section de bons documentaires a pu donner
un autre regard sur l’Amérique : biographie d’une star
parmi les stars (Marlon Brando), un film choc sur le cyclône de
Katerina (réalisation de Spike Lee), étude du territoire
politique sous l’angle du trafic de cocaïne qui la faire vivre,
histoire d’amour passionnel qui défraya la chronique…
Oui mais l’œuvre qui a fait parler d’elle avant/pendant/après
la projection a été Sicko, dernier film d’un certain
Michaël Moore. S’attaquant cette fois-ci au système
de santé américain, cette étude sans concession reste
inégale : une première partie démontre de la gouvernance
par l’argent, réaliste ; la deuxième établit
des comparaisons avec les systèmes de santé européens,
voyant en eux des idéaux portés par les Etats, ce qui ne
peut que porter préjudice à une démonstration orientée.
Un festival encore une fois haut en couleurs et en émotions. Espérons
qu’il saura raison garder (et non privilégier les people
et les stars du système) de manière à permettre l’ouverture
aux non-initiés tout comme aux amoureux du genre.
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